jeudi 17 décembre 2015

Les vidéos du CVUH : Suzanne Citron et Marianne Debouzy, deux itinéraires d'historiennes

Suzanne Citron

Marianne Debouzy


Dans cette nouvelle vidéo, le CVUH vous propose de suivre les trajectoires de deux historiennes Suzanne Citron, auteure du Mythe national (1) et de L'histoire de France revisitée (2) et Marianne Debouzy auteure du Monde du travail aux Etats-Unis : les temps difficiles, 1980-2005 (4)  et du Capitalisme sauvage aux Etats-Unis, 1860,1900 (4). 


Dans ce premier moment, elles évoquent successivement leurs familles comme lieu où se forgèrent certaines de leurs convictions, leur rapport  à la France et à la République.

Elles rappellent la montée des périls incarnée par la mise en oeuvre des politiques antisémites en Allemagne puis en France, annonce d'une rupture dans leur parcours tout comme le sera ultérieurement le contact, sous des formes diverses,  avec le monde colonial.

Cette vidéo ne retrace qu'une partie de leurs itinéraires, elle comportera donc une suite.




Notes : 

(1) Suzanne Citron, Le mythe national, l'Atelier,2008, 
(2) Suzanne Citron, L'histoire de France autrement, l'Atelier, 1970
(3) Marianne Debouzy, Le monde du travail aux Etats-Unis : les temps difficiles, 1980-2005, Paris l'Harmattan 2009 
(4) Marianne Debouzy, Le capitalisme sauvage aux Etats-Unis, 1860-1900, Points Seuil , 1991


samedi 28 novembre 2015

Usage et portée des symboles nationaux pour le 13 novembre : histoire d'une ambivalence par O. Le Trocquer

Après les attentats du 13 novembre, dont les morts ont été salués dans le monde entier par l'usage des trois couleurs nationales, affichées ou projetées sur les monuments officiels ou touristiques, beaucoup aujourd'hui s'étonnent du fait que le drapeau tricolore ne soit pas un symbole fréquemment utilisé et repris par tout un chacun en France. De même que la Marseillaise, dont le texte est souvent décrié. La désuétude dans laquelle le drapeau et l'hymne national sont en partie tombés n'est pas sans explication, ni sans histoire. Si l'usage du drapeau, si la pratique de la Marseillaise nous semblent fréquemment associés au Front national depuis un certain nombre d'années, en dehors des cérémonies officielles et des enceintes sportives, c'est bien qu'ils ont changé de sens, ou de connotation, et qu'il n'y a pas de savoir historique qui permette de stabiliser la signification d'un symbole et de fixer le sens de l'émotion positive ou négative qui y est associée. En revanche, il existe une histoire de la désaffection relative du drapeau et de la Marseillaise

Si le drapeau renvoie si facilement dans nos esprits au FN, ce n'est pas seulement parce que ce parti a entrepris de le récupérer depuis le milieu des années 1970. Celui-ci a fait ce choix parce que la signification du drapeau tricolore a été fortement marquée par les guerres anti-décolonisation que la France a livrées dès 1945 contre le Vietminh de Ho-Chi-Minh et contre le mouvement indépendantiste algérien (répression des manifestations de Sétif de mai 1945). Ces guerres se sont terminées par des défaites : celle de Dien Bien Phu en 1954, qui marque la fin de la guerre d'Indochine ; les Accords d'Évian de 1962 entre le pouvoir gaulliste et le FLN qui marquent la fin de la guerre d'Algérie recommencée en 1954 et la perte de la plus vieille colonie française d'Afrique – le choix même du sigle FN est très probablement un choix anti-FLN. Ces guerres ont été menées au nom de la patrie/nation, pour garder dans le territoire français ces conquêtes coloniales du XIXe siècle, et au nom de la lutte contre la "subversion" communiste, dans le contexte de la Guerre froide. Le drapeau français leur a été associé, de même qu'il a été associé à ces défaites. 

Cela a fortement contribué à effacer le souvenir de la signification libératrice du drapeau, dont la dernière émergence massive remonte à la Libération de 1944. C'est aussi cela qui a progressivement restreint son usage dans les cortèges et qui a permis son instrumentalisation par le Front national, parti créé par des nostalgiques de l'Empire colonial français, et dont le fondateur Jean-Marie Le Pen, a lui-même participé à la guerre d'Algérie. Si l'on ajoute le fait que c'est la droite qui a gouverné sans interruption entre 1958 et 1981, période à laquelle on peut adjoindre le basculement à droite pro-Algérie française de la SFIO de Guy Mollet dès 1956 – pour aller vite – cela constitue une marque très durable de l'usage politique et public du drapeau tricolore. 

Cela explique en partie le fait que la contestation du pouvoir gaulliste se soit faite avec le drapeau rouge en 1968, drapeau de la République démocratique et sociale au XIXe siècle, drapeau révolutionnaire qui fut celui de la Commune de Paris et de plusieurs Communes de province, devenu le drapeau des socialismes puis des communismes et de l'extrême-gauche. Alors qu'en 1936, au moment du Front populaire, drapeau tricolore et drapeau rouge étaient associés, ce n'est plus le cas en 68 : la manifestation gaulliste du 30 mai, de la Concorde à la place de l'Étoile, oppose le drapeau tricolore au drapeau rouge des manifestations étudiantes et ouvrières(1). 

Cela permet aussi de comprendre le succès en partie oublié après 68 des drapeaux régionalistes/indépendantistes bretons, corses, basques, etc., qui se voulaient à gauche dans les années 70, même si leur création originelle vient de mouvements de droite et d'extrême-droite. 

Un membre du Credoc (sauf erreur) évoquait à France Inter jeudi 26 novembre la signification du drapeau tricolore en se référant au tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple. Il évoquait le fait que cette Liberté porteuse du drapeau tricolore se tenait sur des cadavres, en faisant le parallèle avec les morts du 13 novembre, mais en omettant complètement le fait que cette Liberté porte le drapeau en escaladant une barricade. Autrement dit la signification révolutionnaire même du tableau était oblitérée. Souvenir d'une conversation le soir du 7 janvier, place de la République : un étudiant expliquait que Delacroix était royaliste et qu'il voulait dénoncer par ce tableau cette révolution ; une des "preuves" avancées était que cette Liberté montrant sa pilosité sous les aisselles indiquait bien qu'il s'agissait pour l'époque d'une prostituée, ce qui démontrait la valeur dénonciatrice de ce tableau voulue par Delacroix... 

Le sens émancipateur du drapeau dans le tableau de Delacroix a été ainsi progressivement perdu, déjà lors des répressions des insurrections parisiennes du XIXe siècle. On connait également le choix imposé par Lamartine en 1848 du drapeau tricolore contre le drapeau rouge comme drapeau de la République, à la fin de l'insurrection victorieuse des 22-24 février 1848. Dans les tableaux de la fin du XIXe siècle, si le drapeau apparaît avec l'installation de la République, il n'est pas dénué d'ambivalence (2)

Le sens actuel du drapeau ne peut alors qu'être incertain et marqué par l'histoire de la décolonisation, sur fond d'oubli des insurrections du XIXe siècle et de "l'autre drapeau", le drapeau rouge. Une photo témoigne d'une tentative de réappropriation du drapeau tricolore lors de la manifestation du 11 janvier 2015 : celui qui le portait avait voulu lui redonner un sens non étroitement national. Ce qui dit aussi en filigrane l'équivoque possible et la difficulté d'interpréter. 

On pourrait dire la même chose de la Marseillaise, et du fameux "sang impur". Sa trajectoire sémantique et politique dépend des contextes révolutionnaires, contre-révolutionnaires et étatiques qui l'ont marquée. 

Quel que soit le sentiment personnel vis-à-vis de ce chant, il faut malgré tout rappeler que c'est au départ un appel aux armes contre la tyrannie, contre les armées royales et contre-révolutionnaires, dont l'étendard sanglant – sous-entendu du sang des patriotes massacrés – est dressé contre les citoyens révolutionnaires. Comme on le sait, ce chant a été repris par les fédérés marseillais qui ont participé à la prise des Tuileries le 10 août 1792. L'évocation du "sang impur" est une réponse à cette menace : il est à mettre en relation avec l'ensemble des cris révolutionnaires, dont "la liberté ou la mort" . Et la Marseillaise est chantée en février 1917 dans les rues de Pétrograd pendant l'insurrection qui renverse le tsar. En 1938, Jean Renoir intitule La Marseillaise son film en hommage à 1936 et à la Révolution française, financé par une souscription lancée par la CGT, et le chant y est fortement présent. 

Elle a depuis servi à beaucoup d'autres choses, et comme le drapeau, été marquée par la répression de la Commune, puis des mouvements d'émancipation décolonisateurs. Et elle accompagne aussi la manifestation gaulliste du 30 mai 68. 

Autrement dit, la signification révolutionnaire et émancipatrice de ces symboles s'est en partie retournée, à partir du moment où ils ont accompagné des actes conservateurs ou réactionnaires, y compris sanglants. Pour toutes ces raisons, ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est l'histoire de ce retournement de sens qui a entraîné cette prise de distance discontinue et progressive des gauches et extrême-gauches vis-à-vis du drapeau et de la Marseillaise, symboles gardés ou ressaisis par la droite et l'extrême-droite, et pas la seule question du FN. 

Seules continuités : l'usage officiel par les représentants de l'État, et l'usage "sportif", qui est également lié à cet usage officiel – il en est comme une remotivation occasionnelle, qui a suscité les équivoques et les polémiques que l'on sait, paradoxalement depuis la victoire de l'équipe de France de football de 1998. 

Est-il possible alors d'en avoir un usage "neutre", qui témoigne d'une émotion partagée sans connotation particulière ? Ou de redonner à ces symboles une signification émancipatrice, au-delà du sens officiel ? Le regain occasionnel du drapeau à l'occasion de la cérémonie en hommage aux victimes du 13 novembre n'a pas de sens écrit à l'avance. Certains observateurs supposent une réappropriation collective au-delà des significations politiques étroites. Cependant, il est difficile de faire abstraction de la dimension "défensive" du contexte présent, voire des tentations de repli nationaliste et identitaire qui se développent en Europe, sans parler de la montée sur-commentée des intentions de vote pour le Front national dans les sondages pour les élections régionales. Difficile de dire alors si quelque chose résiste des significations originelles de ces symboles. 

La cérémonie du 27 novembre, à propos de laquelle le chef de l'État nous suggère de pavoiser nos fenêtres a une autre particularité : son lieu, les Invalides, est chargé d'une histoire particulière. Sa fondation est royale, c'est là où se trouve le tombeau de Napoléon par la volonté de la monarchie de Juillet qui a organisé le retour de sa dépouille en 1840, et où reposent aussi de nombreux généraux de deux guerres mondiales. Cette cérémonie apparaît ainsi volontairement placée sous le double sens de la concorde politique et de l'héroïsation militaire des morts des attentats : "concorde" officielle, ou "union nationale", avec la présence des chefs de partis politiques représentés à l'Assemblée nationale ; héroïsation militaire, comme si ces morts étaient "morts pour la France". On pourrait supposer que le fait d'organiser une cérémonie pour les morts des attentats du 13 novembre aux Invalides pourrait infléchir le sens de ce lieu, mais la symbolique très forte dont il est chargé tend au contraire à "militariser" les morts auxquels on rend hommage. C'est d'autre part un lieu enclos. Le choix peut être lié aux impératifs de sécurité, mais cela contribue à isoler la cérémonie du public malgré les retransmissions télévisées. 

C'est sans doute également cela que la suggestion du chef de l'État tente de pallier : en demandant de pavoiser, il cherche à faire apparaître un lien visible entre la cérémonie et la population, alors que le public en est absent, hormis les invités officiels. C'est une cérémonie qui témoigne à sa façon du fonctionnement de la démocratie représentative jusque dans le deuil officiel. Cela d'autant plus dans le contexte de l'état d'urgence au nom duquel les manifestations publiques sont interdites, à l'exception des manifestations de deuil public. 

Pour tout un chacun, passer du fait de mettre une bougie à celui de "pavoiser" son balcon ou sa fenêtre le 27 novembre en écho à la cérémonie officielle indique un passage du deuil partagé et anonyme à autre chose. Mais à quoi ? Si l’on veut éviter l'ambivalence qui leste le drapeau tricolore seul, si on laisse de côté le geste de signifier son adhésion au chef de l'État, reste à chacun/chacune la ressource de bricoler du sens avec ou sans drapeau/x, au singulier comme au pluriel, avec inscription ou non...


(1) Ainsi que le montre par exemple cette archive de l’INA : http://www.ina.fr/video/I00013462.
(2) Un article récent dans Libération, signé par Clémentine Mercier, évoquait la complexité de sens de la présence du drapeau tricolore dans les œuvres d'art y compris récentes. Il ouvre des questions souvent laissées de côté : http://next.liberation.fr/arts/2015/11/22/un-drapeau-et-tant-d-art_1415307.
(3) Voir Sophie Wahnich, La longue patience du peuple. 1792, naissance de la République, Paris, Payot, 2008.

mardi 24 novembre 2015

4èmes rencontres d'histoire critique de Gennevilliers

Autour des cahiers d'Histoire critique, vous retrouverez à Gennevilliers des membres du CVUH dans différentes tables rondes :
Toutes les informations ici  !



dimanche 15 novembre 2015

En signe de deuil et de solidarité.

Le Cvuh ne saurait rester silencieux face à un tel événement. Nous  nous sentons profondément émus  par ce qui vient de se passer et nous nous associons à la souffrance et à la peine éprouvées par les  victimes de ces actes criminels terribles et par leurs proches.

Cette émotion immense et ce nouveau deuil collectif requiert de la part de tous des précautions accrues dans l'usage de l'histoire. Défendre  la liberté n'est pas réductible à la défense de l'Etat-nation. Les pratiques démocratiques  et les usages du savoir ne doivent pas céder devant la peur et les instrumentalisations.

mardi 27 octobre 2015

La bataille d'Einaudi de Fabrice Riceputi

Il y a quelques mois disparaissait Jean Luc Einaudi. Fabrice Riceputi dans son livre La bataille d’Einaudi¹ revient sur la trajectoire atypique de cet homme de combats dont le travail acharné fut si déterminant pour rappeler à une République frappée d’amnésie et de mutisme, le massacre de plusieurs centaines d’algériens de France perpétré le 17 octobre 1961. Au cœur de son ouvrage, il y un citoyen-chercheur – titre qui convient bien mieux à Jean-Luc Einaudi que celui d’historien – pris dans la marche de l’Histoire dont il participe à l’écriture. Une écriture complexe, souvent entravée dans sa nécessaire exploration des archives, lourde d’enjeux politiques, sociaux, mémoriels, soumise aux regards publics, susceptible d’être instrumentalisée ou disqualifiée surtout lorsqu’elle questionne un sujet aussi à vif que la guerre d’indépendance algérienne. En retraçant la trajectoire de ce citoyen-historien, Fabrice Riceputi élargit progressivement son propos et démontre avec force comment l’histoire empêchée pérennise et avive les tensions dans le corps social, fabuleux instrument à fabriquer des invisibles, pour ne pas dire des exclu.e.s. 


Devenir historien pour faire l’histoire d’un événement qui n’en a pas

La 1ère partie du livre revient sur la trajectoire de Jean-Luc Einaudi. Inattendue et chaotique, elle est faite de persévérance et d’acharnement. Educateur de métier, Einaudi a plus d’une quinzaine de publications historiennes à son actif, bien qu’il reste avant tout l’homme de La Bataille de Paris publié en 1991, ouvrage qui tente une histoire du 17 octobre 1961. Massacre d’état le plus meurtrier de la Vème République, l’événement longtemps occulté est ici disséqué avec ce dont Jean-Luc Einaudi dispose : des témoignages, essentiellement. En s’abreuvant aux voix jusqu’alors brisées ou inaudibles des victimes, il se fait le conteur et le défenseur d’une histoire par le bas. 

Dans le silence pesant mais relatif de l’histoire d’avant ce livre, c’est surtout la voix des puissants qui est audible. Au mitan des années 80, celle de M. Papon résonne à nouveau sur le pavé parisien. Sa méthode répressive est réactivée en 1986 contre Malik Oussekine qui meurt des suites des coups portés par les pelotons de voltigeurs motocyclistes réhabilités par Charles Pasqua. Toutefois, l’ancien préfet de police de la Seine est à l’abri, protégé des versions contradictoires sur le massacre du 17 octobre 1961, et le pouvoir de droite alors en exercice ne s’atermoie pas plus sur le sort de l’étudiant que sur celui des Algériens de France torturés, frappés ou noyés cette nuit là. Officiellement la police a réprimé une manifestation de partisans du FLN armés et mobilisés pour semer la terreur dans la capitale, des policiers ont été agressés ; du côté des Algériens de France on déplore 3 morts. 

Fabrice Riceputi revient avec minutie sur la lente rupture du silence qui précède la publication de La bataille de Paris. A l’époque, la connaissance de l’événement circule de façon « périphérique » et souterraine. Elle passe par la fiction – Meutres pour mémoire, fiction policière de Didier Daeninckx est publié en 1983 – et la laborieuse identification des témoins ou de leurs descendants. Ce n’est qu’en 1990, que cette circulation mémorielle se structure en une association susceptible de porter une demande collective plus forte avec la naissance d’Au nom de la mémoire. Mais globalement, comme le déplore l’historienne Madeleine Reberioux, l’événement reste sans histoire. Publié au moment des 30 ans du massacre, La bataille de Paris, lui donne une inédite visibilité d’autant plus que la sortie du livre est plutôt bien relayée par la presse. 

Aux risques du métier

Les digues se sont fissurées sous la pression convergente des paroles citoyennes dites depuis une structure associative, ou des écrits littéraire et historien. Mais c’est à la faveur d’un épisode inattendu qu’elles se rompent brutalement. A l’automne 1997, le 8 octobre précisément, s’ouvre à Bordeaux le procès de Maurice Papon. L’ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde doit répondre de la déportation de 1690 juifs de Bordeaux dont quelques 200 enfants entre 1942 et 1943. Le procès bénéficie d’une énorme couverture médiatique. Maître Gérard Boulanger, l’un des avocats des parties civiles décide de déployer le curriculum vitae répressif de l’accusé aux différents postes de responsabilité occupés au cours de sa longue carrière au service de l’Etat. A cette fin, Jean-Luc Enaudi est appelé à témoigner et énoncer les conclusions de ses recherches sur le 17 octobre 61 devant la cour. La démonstration revêt le caractère d’une déflagration. Après la condamnation de Papon début avril 1998, celle-ci prend la forme d’une arme à double détente puisque Jean-Luc Einaudi redonne une leçon d’histoire dans les prétoires à l’ancien préfet de police de la Seine qui l’attaque en diffamation. C’est l’occasion pour Fabrice Riceputi de livrer des pages haletantes sur les différentes confrontations qui s’enchainent et de dévoiler le difficile exercice du métier d’historien quand il s’exerce dans l’arène publique et judiciaire. 

Les digues ne se brisent pas que dans les prétoires et les risques du métier ne sont pas toujours là où on les attend. L’auteur en présente, en effet, des aspects méconnus qui attestent de la puissance des travaux d’Einaudi autant que de l’impasse où s’enferre le pouvoir politique au nom de la raison d’état. F. Riceputi revient en particulier sur les atermoiements du pouvoir politique qui décide, par la voix de sa ministre de la culture C. Trauttman, d’ouvrir brusquement l’accès aux archives pour revenir tout aussi brusquement sur sa décision. Il évoque les mesures de rétorsions dont sont victimes celles et ceux qui se refusent à entraver l’accès aux documents conservés sur le 17 octobre. Le déroulé des brimades et humiliations que subissent les deux archivistes Brigitte Lainé et Philippe Grand est une partie très douloureuse du livre. Elle montre à quel point la machine institutionnelle, à différents niveaux de décision s’emploie à broyer les individus avec une mesquinerie honteuse maquillée en service de l’Etat. 

Cela dit la boîte de Pandore est désormais ouverte. Les recherches s’enchaînent, se multiplient, investiguant des aspects complémentaires du chantier ouvert par Einaudi. Le bilan du 17 octobre 1961 s’affine, la connaissance de l’événement se diffuse. On reparle de Sétif, de Guelma et de Kherrata, du 14 juillet 1953. La bataille d’Einaudi de ce point de vue n’a pas été vaine. 

Les présents du passé 

Elle n’est pas pour autant terminée et l’auteur réussit à poursuivre son propos dans un présent d’une actualité brulante emportant avec lui son objet d’étude à savoir le travail de Jean-Luc Einaudi. Par un jeu de mise en perspectives successives, Fabrice Riceputi construit une puissante démonstration dans la dernière partie de son livre qui énonce et déploie simultanément les effets dévastateurs des occultations relatives à l’ensemble de l’histoire franco-algérienne coloniale et postcoloniale. 

D’une façon très claire et argumentée, il prend acte, tout d’abord, des actions institutionnelles visant à reconnaître publiquement le massacre du 17 octobre par les gestes accomplis – la plaque apposée sur le pont Saint Michel (face aux locaux de la préfecture de police de Paris, cela ne s’invente pas) – ou les mots prononcés (la timide déclaration du président François Hollande le 17 octobre 2012 qui reconnaît l’existence des victimes mais évite soigneusement de mentionner les bourreaux). 

Mais surtout, il replace avec perspicacité le débat sur le plan politique et citoyen, pointant du doigt cette omerta insupportable légitimée par une lecture de l’histoire en vogue, celle qui se dit débarrassée de toute « repentance » selon l’incantation maintes fois réitérée dans l’espace public. Fabrice Riceputi, exemples à l’appui – polémiques multiples sur les programmes scolaires, adhésion à de farfelues théories du complot – démontre avec brio le caractère totalement contreproductif de la stratégie de l’étouffement. A empêcher l’accès aux archives, à entraver l’écriture de l’histoire, l’état français et les animaux médiatiques qui se mettent à aboyer dès qu’on parle des crimes coloniaux de la France, entretiennent le mal qu’ils sont les premiers à dénoncer ou à stigmatiser. L’étendard des valeurs de la République brandit par celles et ceux qui sont au pouvoir ne mobilise pas au delà des communicants de cabinet en charge de la diffusion des injonctions. La fabrique des invisibles par l’occultation volontaire de pans entiers de notre histoire ne crée que du ressentiment et de l’exclusion. 

La démonstration est étayée, rigoureuse et implacable. On se doit de la lire. La bataille d'Einaudi n'est pas encore terminée.

(1) La bataille d'Einaudi de Fabrice Riceputi, Le passager Clandestin, 2015
In memoriam : ce beau portrait de J-L Einaudi par A. Frappier

samedi 26 septembre 2015

Réunion de rentrée du CVUH : compte rendu

L'ordre du jour de la réunion était le suivant :

1. La journée d'études consacrée au modèle républicain et ses usages
2. Le projet autour des 10 ans du CVUH
3. Le CVUH en province
4. Le CVUH aux rencontres d'histoire critique de Gennevilliers
5. Nouvelles videos du CVUH
6. Projets d'articles et de compte-rendus;
7. Le volume en préparation chez Agone dans la collection Passé-présent issu de la journée d'études sur les usages socio-politiques e la catégorie de génocide.
8. Divers 


1. Journée d’études :  
Echange sur le titre possible qui reste provisoire : La République en question : quel modèle ? quelle  histoire ?
 Dates envisagées : les samedi 5 ou 12 décembre 2015
5 à 7 intervenants dont plusieurs membres du CVUH (S. Aprile, O. Le Trocquer, B. Dufal seront présents).

2. Les 10 ans du CVUH :

L'idée avait été évoquée à la réunion précédente. La discussion a porté sur la forme qui reste à déterminer.
Dates possibles au printemps : samedi 2 ou 9 avril
L'idée de base  est de  faire  venir les fondateurs  pour qu’ils interviennent sur la nécessité de créer le CVUH  à ce moment-là mais aussi d'exposer la nécessité actuelle d'un tel regard.  Les intervenants et les autres membres du CVUH venus dès la fondation doivent toutefois pouvoir librement déterminer leurs modalités d'intervention.
On peut envisager également d'organiser cette journée autour d'une thème spécifique comme le savant et le politiquel’histoire des migrations.  
Suggestion : Placer l’Assemblée Générale annuelle le même jour , en début de journée.

3. Le CVUH en province :

L'idée serait de reprendre des conférences-débat récentes et de les proposer dans différents lieux en province dans lesquels le CVUH est susceptible d'être accueilli par des membres  de l'association. Les villes "éligibles" seraient Marseille, Lille, Lyon, Montpellier. 
Les dates restent à fixer.



4. Les Rencontres d’histoire de Gennevilliers : 

Le thème de cette édition qui aura lieu les 26-28 novembre 2015 est Nation(s)/Mondialisation(s).

Nelcya Delanoë du CVUH interviendra dans la table ronde sur les usages nationalistes de l’histoire de la nation (à partir notamment de Soumission, de Michel Houellebecq, Flammarion, 2015, et de 2084. La fin du monde, Gallimard, 2015, de Boualem Sansal). 
Olivier Le Trocquer propose également, à cette occasion ou à un autre moment,  d’analyser le discours de Zemmour dans Le Suicide français, Albin Michel, 2014 ( histoire polémique des 40 dernières années), en particulier au sujet des réfugiés espagnols, en relation avec la question des réfugiés aujoud’hui. Il modèrera aussi un des ateliers.
Le CVUH devrait y tenir une table présentant l'association, ses projets, des bulletins d'adhésion et ses publications. Nous aimerions également voir avec les organisateurs si un moment de débat avec l'association est insérable dans le programme.

5. Les vidéos du CVUH : 

Aurore Chery qui a en charge cette partie de l'activité de l'association doit  finir le montage de la vidéo de Suzanne Citron et Marianne Debouzy. 
Fin septembre, elle envisage également de filmer Sandra Vacca qui prépare une thèse, à Cologne, sur les musées d'histoire de l'immigration. Sandra Vacca  participe aussi à la création de l'un d'eux avec l'association Domid. Enfin, elle a créé une association pour aider les doctorants qui ne sont pas issus de milieux universitaires et qui se posent beaucoup de question sur le fonctionnement de l'université. L'initiative essaime désormais un peu partout en Allemagne.

6. Les comptes rendus de livres et de films pour le site :

 - Livres ayant retenu l'attention pour un compte rendu en ligne

Ivan Jablonka, L'Histoire est une littérature contemporaine : Manifeste pour les sciences sociales, Seuil, 2014. 
Paul-Laurent Hassoun, Tuer le mort. Le désir révolutionnaire, PUF, 2015. Il s'agit d'une analyse historico-psychanalytique de l’iconoclasme révolutionnaire à l’abbaye de St Denis : destruction des tombes, royales, etc.. 


- Films
- Much loved, film marocain de Nabil Ayouch
- Kommunisten, film de Jean-Marie Straub
- Red Rose, film iranien de Sepideh Farsi sur la révolte réprimée en Iran en 2009 

7. Les publications dans la collection Agone :

Les usages socio-politiques de la catégorie de génocide est la prochaine publication de la collection Passé-Présent. Elle prolonge la journée d'études du même titre. Le plan du livre est à peu près déterminé et  Blaise Dufal  travaille à l’introduction de l'ouvrage.

8. Faire  adhérer d'autres personnes au CVUH 

Le CVUH doit reprendre une campagne d'adhésion via sa liste de diffusion, les journées de Gennevilliers et recontacter le personnes qui sont déjà venues à plusieurs reprises à nos réunions. Les adhérents fidèles peuvent cotiser en utilisant le lien du site





mercredi 16 septembre 2015

Réunion de rentrée du CVUH


La réunion de rentrée du CVUH

 ouverte à tou.te.s celles et ceux qui souhaitent
 soutenir, participer, aider aux activités de l'association
 se tiendra

 jeudi 17 septembre 2015
 à 19 h

 au café le Balbuzard 
 54 Rue René Boulanger,
 75010 Paris 
 (métro République) 
 dans la petite salle à l'étage. 


 N'hésitez pas à nous rejoindre !

jeudi 3 septembre 2015

Le CVUH fait sa rentrée à la Fête de l'Humanité !



Le CVUH a le plaisir de vous donner rendez-vous à la Fête de l'Humanité et plus particulièrement au 
VILLAGE DU LIVRE 

Dimanche 13 septembre 2015  à 10H

Pour une rencontre débat ayant pour thème : 

Le modèle républicain : des usages politiques dans l'Histoire 

En présence de Sylvie Aprile et Olivier LeTrocquer

Au plaisir de vous y retrouver nombreux comme chaque année !

dimanche 21 juin 2015

Catherine Coquery-Vidrovitch sur l'histoire de l'Afrique.

L'histoire de l'Afrique est aussi notre histoire. Dans cette nouvelle vidéo du CVUH, Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne de l'Afrique, auteure du volume consacré aux Enjeux politiques de l'histoire coloniale dans notre collection Passé-Présent, rappelle comment les historiens du supérieur ont peu à peu dirigé leurs regards et leurs recherches vers la partie sub-saharienne de ce continent. 

Elle revient également sur l'introduction dans les programmes de 2008 d'un thème consacrée à l'étude de l'Afrique médiévale en 5ème. L'occasion, par le biais de l'histoire enseignée, de rappeler les liens entre l'histoire de ce continent et celle de la France. 



dimanche 7 juin 2015

Compte rendu de la soirée-débat du CVUH sur le modèle républicain en question.


Jeudi soir au Lieu-Dit s'est tenue la soirée débat du CVUH consacrée au modèle républicain, une notion dont il est nécessaire de questionner les usages pour comprendre les enjeux de son utilisation dans l'espace public. 







Sylvie Aprile et Olivier LeTrocquer sont intervenus à tour de rôle pour circonscrire les termes du sujet et les replacer dans une perspective historique. Dans un deuxième temps les participants installés dans une salle quasi remplie ont pu engager le débat avec et entre eux.






Une captation audio de la soirée a été effectuée. Vous pouvez l'écouter voire la télécharger en cliquant sur l'image ci-dessous : 
 Soirée débat CVUH modèle Républicain captation audio.


jeudi 28 mai 2015

Soirée-Débat organisée par le CVUH au Lieu-Dit jeudi 4 juin 2015 : Le modèle républicain en question.



Le CVUH a le plaisir de vous convier à une soirée-débat 

sur 

LE MODELE REPUBLICAIN : 

USAGES ET ENJEUX D'UNE NOTION

avec Sylvie Aprile, Porfesseure en Histoire Contemporaine à Lille 3
et Olivier Le Trocquer, Président du CVUH

qui se déroulera au 

LIEU-DIT
6 rue Sorbier
75020 PARIS 

DE 19H À 21H

L'entrée est libre et nous vous attendons nombreux pour échanger autour de cette question au coeur de l'actualité.

samedi 11 avril 2015

Rendez vous du CVUH : soirée débat au Lieu-Dit sur le "modèle républicain" jeudi 4 juin 2015.





Le CVUH vous convie à une nouvelle rencontre-débat qui aura lieu

 le jeudi 4 juin

au Lieu Dit, 6 rue Sorbier, 75020 Paris, 

à partir de 19H

sur la question du modèle républicain usages et enjeux d'un concept.

Le "modèle républicain", concept historien d'origine universitaire né dans les années 1980, a progressivement été utilisé dans l'espace public, au point de devenir une référence récurrente et un enjeu politique, mais sans être jamais véritablement réfléchi.

Le CVUH  propose d'en expliciter l'origine et les enjeux, enjeux publics et politiques, enjeux d'enseignement, et d'ouvrir une discussion critique sur cette question.


Intervenants:

- Olivier Le Trocquer,  enseignant d'histoire dans le secondaire et historien, président du CVUH : origine, diffusion et usages d'un concept universitaire.


- Sylvie Aprile : historienne, professeure d'histoire contemporaine à l'université de Lille 3:les enjeux d'une autre histoire de la République.

jeudi 2 avril 2015

Compte-Renu de l'assemblée générale annuelle du CVUH du 14 mars 2015

La Sorbonne, Paris.

Présents : Julie Auger, Aurore Chéry, Laurent Colantonio, Natacha Coquery, Nelcya Delanoë, Ludivine Hurdaud, Anne Jollet, Olivier Le Trocquer, Cédric Picard, Véronique Servat.

Excusés : Catherine Coquery-Vidrovitch, Blaise Dufal, Fanny Madeline, Antonio de Almeida Mendes, Michèle Riot-Sarcey.

Ouverture de la séance à 14h20.

ORDRE DU JOUR
1- Rapport moral
2- Rapport financier
3- Renouvellement du Conseil d’administration et du bureau
4- La collection Passé&Présent
5- Discussion sur les projets

1-Rapport moral 2014
Présenté par Laurent Colantonio, président

En réponse aux attaques contre les études de genre dans l’espace public le CVUH a participé à une initiative collective en début d’année, et a cosigné, avec plusieurs autres collectifs et associations, une tribune dans Le Monde (« Desstéréotypes bon chic bon genre ? Non à la manipulation des sciencessociales », 12/02/14, reproduite sur le site), puis une « Lettre aux ministres » sur le genre (21/03/14). Des représentants de ce collectif (parmi lesquels Laurence De Cock et Michèle Riot-Sarcey) ont été reçus au ministère de l’Education nationale.
Laurent Colantonio a participé pour le CVUH à une table ronde intitulée « Un certain goût du passé », où il a notamment été question des usages récents de l'identité nationale, dans le cadre du Festival Raison d’agir (9-11 avril 2014) à Poitiers, qui avait cette année pour thème « L'amour de l'ordre. Conservateurs, réactionnaires, intégristes, etc. ».
Comme chaque année, le CVUH a proposé une conférence-débat à la Fête de l’Huma (14/09/14) : « Enseigner l’histoire du genre : enjeux et réflexions critiques », avec Laurence de Cock et Michèle Riot-Sarcey. Débat animé par Blaise Dufal.
Dans le cadre des Rendez-vous de l’histoire de Blois (10/10/14), le CVUH a proposé une table-ronde intitulée : « Robin des bois : le rebelle qui cache la forêt », avec Sylvie Aprile, Laurent Colantonio, Catherine Coquery-Vidrovitch, Laurence De Cock, Blaise Dufal. Plusieurs membres de l’association sont par ailleurs intervenus au cours de ces quatre jours.
Comme l’an passé, Blaise Dufal a assuré le rôle de « correspondant média ». Il reçoit, par téléphone, les sollicitations des médias, puis soit il y répond, soit il renvoie l’interlocuteur vers le/la ou les membres du CVUH susceptibles de répondre à la demande ponctuelle.

Une nouvelle rubrique sur le site : les vidéos du CVUH. Sous forme de courtes vidéos, nous mettons en ligne des entretiens sur des sujets relatifs aux usages publics de l'histoire, aux enjeux de la discipline et au travail de l'historien. Blaise Dufal et surtout Aurore Chéry (qui prépare et réalise ces vidéos) en ont été les chevilles ouvrières. Laurence De Cock a présenté les enjeux de l’histoire scolaire (entretien mis en ligne le 6 avril), Nelcya Delanoë la rafle de Villeneuve-les-Avignon (20 mai), Michèle Riot-Sarcey le genre (27 juin), Jean-Pierre Chrétien les mémoires du génocide au Rwanda (30 aout) et Laurent Colantonio les enjeux mémoriels associés à la Grande Famine d’Irlande (7 février 2015).
Le site du CVUH (bilan présenté par Véronique Servat, secrétaire et webmestre). Les visites sur le site du CVUH sont toujours aussi importantes. En effet, le compteur affichait 154 200 visites l’an passé au moment de notre assemblée générale annuelle ; aujourd’hui il indique un peu plus de 223 000 visites. Par contre, le nombre d’abonnés au flux RSS est resté quasiment inchangé. La page Facebook de l’association attire beaucoup plus de fidèles, nous avons 1 117 personnes qui ont indiqué « aimer la page » ce qui double le chiffre de l’an dernier. Un compte twitter CVUH vient tout juste d’être ouvert @AssoCVUH, permettant de diversifier encore les canaux de diffusion de l’information. Si l’on ôte les consultations pratiques (annonce de l’AG annuelle et « comment adhérer »), les 3 articles les plus consultés ont été cette année « Les impensés de la République », « Mangeclous », « Le vrai visage de Robespierre ». Toutes périodes confondues, soit depuis le moment du transfert du site sous blogger en mai 2010, l’article le plus lu est celui consacré au visage de Robespierre, le second est celui consacré au Métronome et le 3e est un article d’Eric Aunoble sur les luttes politiques et symboliques en Ukraine. La page « Qui sommes-nous ? Comment nous rejoindre ? » et celle des textes de référence restent les plus vues. Notre nouvelle page, « Les vidéos du CVUH », fonctionne très bien aussi. C’est celle sur l’Irlande qui a été la plus regardée. Depuis sa création cette page a reçu plus de 580 visites. Cela est un encouragement à poursuivre. La fréquentation du site est relativement internationale. La France, les Etats-Unis et l’Allemagne sont les pays d’origine de la majorité des connexions depuis mai 2010. Mais nous avons également beaucoup de connexions venant de Russie, d’Ukraine, du Canada et de pays européens. Enfin, même si l’on a l’impression que le site est peu alimenté, de date à date, le nombre d’articles mis en ligne annuellement est sensiblement identique (autour de la quinzaine) cela excluant – ce qui change quelque peu la donne – les différentes vidéos du CVUH.
La liste de diffusion. Afin de redynamiser la liste dans l’intérêt de tous, nous invitons les adhérents à ne pas hésiter à l’alimenter en annonces, nouvelles, informations, bibliographies, débats qui intéressent les usages publics de l’histoire en général ou qui concernent un ou plusieurs membres du CVUH.
Nous n’avons pas publié de nouveau livre cette année dans la collection Passé&Présent (Agone). Mais nous continuons de bien vendre les titres déjà au catalogue, 617 exemplaires pour 2014, qui nous ont rapporté 513 euros de droits d’auteur.

Le rapport moral est adopté à l’unanimité des présents.


2-Rapport financier 2014
Présenté par Laurent Colantonio au nom de Fanny Madeline, trésorière.

Le CVUH se porte toujours bien financièrement. Le solde de l’année 2014 est de 5 780 euros. Nous avons touché 513 euros de droits d’auteur d’Agone. Les droits d’auteur de Pour quoi faire la révolution ? étant minimes (16,5 euros par auteur), nous ne les avons pas versés cette année, et sauf avis contraire des auteurs, nous nous proposons de les ajouter à ceux de l’année 2015.
Nous avions l’année dernière 6 793 euros. Nous continuons donc à entamer nos finances bien que nous n’ayons pas fait de journée d’étude cette année. Cependant les vidéos effectuées par Aurore nous reviennent à 902 euros (500 pour Aurore et 402 pour l’URSSAF).
Cette année, Blois nous a couté 230 euros, un peu plus que l’année dernière.
La diffusion des livres de l’association qui sont à notre charge a été difficile à suivre cette année. Seul un exemplaire de A quoi sert l’identité nationale a été comptabilisé. Il faudrait faire un inventaire complet pour préciser ces recettes. Pour rappel, nous avions acheté à Agone pour 758 euros, 85 exemplaires (516 euros avaient déjà été récupérés sur les ventes de 2013 – ie : 41 exemplaires).
Ce qui fait, pour 2014, un total de 2 018 euros de dépenses pour 1 005 euros de recettes. Cet écart important s’explique notamment par la baisse drastique du nombre d’adhérents : seuls 17 personnes se sont acquittées de leur adhésion cette année. En général nous sommes autour de la quarantaine. Il faudrait donc refaire une campagne de mobilisation notamment autour de la soirée sur la République et le modèle républicain. Il semble que la distribution de flyers n’ait pas particulièrement bien fonctionné en 2014. Mais c’est surtout nos adhérents de longue date qui ont fait défaut, par oubli ou par éloignement progressif.
En conclusion, nous avons encore suffisamment d’argent pour continuer nos activités, pendant quelques années, mais il faut anticiper l’avenir du CVUH une fois que nous aurons épuisé ce capital, sachant que les projets de publications sont actuellement peu nombreux.

Le rapport financier est adopté à l’unanimité des présents.


3-Renouvellement du Conseil d’administration

Membres de droit (anciens présidents) : Gérard Noiriel, Catherine Coquery-Vidrovitch, Laurence De Cock.

Sortants : Laurent Colantonio (président, ne se représente pas), Sylvie Aprile, Anne Jollet, Fanny Madeline, Véronique Servat, Aurore Chéry, Natacha Coquery, Nelcya Delanoë, Blaise Dufal, Olivier Le Trocquer.

Une candidature : Antonio de Almeida Mendes.

Nouveau Conseil d’administration élu à l’unanimité : Sylvie Aprile, Aurore Chery, Natacha Coquery, Nelcya Delanoë, Blaise Dufal, Anne Jollet, Olivier Le Trocquer, Fanny Madeline, Antonio de Almeida Mendes, Véronique Servat.

Le Conseil d’administration élu a validé le nouveau bureau proposé pour 2015 : Olivier Le Trocquer (président), Natacha Coquery (vice-présidente), Véronique Servat (secrétaire), Fanny Madeline (Trésorière). Tous nos vœux à la nouvelle équipe !


4-Collection Passé&Présent : perspectives 2015.

Proposition d’aménagement du contrat d’édition, à valider collectivement.

Avec Philippe Olivera, nous avons fait le constat suivant : la collection a été un véritable succès au sens où tous les volumes publiés ont été des succès (nettement plus de 1 000 exemplaires vendus à chaque fois, sans même parler du cas particulier du premier qui va atteindre les 10 000) et qu'on est en droit de considérer qu'avec seulement 6 titres elle a réussi à s'imposer dans le paysage éditorial par un format et un ton originaux. Et cependant, elle est depuis bientôt 5 ans à l'arrêt, sachant d'une part que le livre de l'IHRF publié en 2012 est une idée lancée en 2010 et largement réalisée dans le courant de l'année 2011, et d'autre part que le Darmangeat est venu "tout seul" quasiment par miracle par d'autres canaux que le CVUH. Même s'il existe des projets en cours ébauchés (le projet autour des usages socio-politique de la notion de génocide, Blaise Dufal), il faut se rendre à l'évidence : dans son mode de fonctionnement actuel, "Passé & Présent" est dans un état dormant.
Voici, pour redynamiser la collection, la modification de contrat que Philippe Olivera met en discussion. Il s’agirait, sans changer le fond ni la forme du projet global, de prévoir désormais deux cas de figure : soit des ouvrages apportés par le CVUH dans les mêmes conditions qu'actuellement (et rémunérés de la même manière), soit des ouvrages apportés par Agone (Philippe) pour lesquels le CVUH ne toucherait aucun droit. Dans le premier cas, le CVUH est directeur de collection ; dans le second cas, Philippe Olivera est directeur de collection (donc pour des livres qu’il apporte et suit personnellement). Il ne s’agit pas de deux sous-collections. La philosophie de la collection reste la même, avec le même type d’ouvrages (rapport à l’histoire et aux enjeux du présent). Et bien évidemment, comme cela a toujours été le cas, le CVUH et les éditions Agone devront être d’accord pour qu’un nouveau livre paraisse dans la collection, quel que soit le canal par lequel il est arrivé.
La proposition est mise en débat, à l’issue duquel l’assemblée générale donne son accord sur le principe d’une redéfinition du contrat dans le sens indiqué, mais se prononce pour une légère modification, dans le cas prévu (cas 2) où le CVUH n’a pas été à l’origine du projet. Considérant que le CVUH aura tout de même collaboré au travail éditorial (l’association aura à se prononcer sur l’acceptation du volume dans la collection) puis au travail de diffusion (tous les volumes de la collection seront présentés, sans distinction, sur les tables lors des manifestations que nous organisons ou auxquelles nous participons), l’assemblée générale propose qu’un pourcentage symbolique des droits d’auteur (1%) soit perçu par le CVUH. La demande va être soumise à l’éditeur.


5- Discussion/présentation sur les projets en cours/à venir

Le principe d’une nouvelle série de courtes vidéos du CVUH est validé. Aurore Chéry a déjà filmé Daniel Roche dans cette perspective. D’autres projets sont envisagés pour 2015, avec la participation d’un ou plusieurs intervenants à chaque fois.

Le modèle républicain (Olivier Le Trocquer/Sylvie Aprile). Il nous paraît utile de proposer une réflexion, une mise en perspective critique, historique et comparée du « modèle républicain » français, dont il est si souvent fait référence dans le débat public.
Dans cette perspective, une première soirée-débat est prévue au bar restaurant Le Lieu-Dit (6, rue Sorbier 75020 Paris), au cours de laquelle Sylvie Aprile et Olivier Le Trocquer interviendront. Nous confirmerons bientôt, via le site et la liste de diffusion, la date de cette rencontre.
Puis, nous pensons à une journée d’études à la rentrée, en septembre. Des précisions seront données dès que possible sur la date, le lieu et le programme de cette journée.

Agone – Collection Passé & Présent. Pour 2016, un 7e volume actuellement en préparation est envisagé, dans le prolongement de la journée sur les usages socio-politiques de la notion de génocide, coordonné par Blaise Dufal.

Le collectif Aggiornamento prévoit en 2015 un moment de rencontre autour de Suzanne Citron, de ses écrits et travaux. Le principe d’un partenariat et d’une participation financière du CVUH est acté.

Dans la perspective de la participation du CVUH à la fête de l’Huma 2015, l’assemblée générale a choisi le thème du modèle républicain en débat.

Le principe du soutien du CVUH aux Journées d’histoire critique de Gennevilliers/Cahiers d’histoire, sur le thème « Nation/mondialisation » (26-28 novembre 2015), a été retenu. La forme (soutien financier, organisation de tables rondes, participations individuelles de membres du CVUH…) reste encore à préciser.

La séance est levée à 17h


La prochaine réunion du CVUH, ouverte à toutes et à tous, est fixée au vendredi 3 avril, à 18h.
Elle se tiendra dans la salle du 1er étage du Café de la Mairie, 8 Place Saint-Sulpice 75006 Paris