dimanche 22 mars 2015

Ukraine : Les intellectuels d’ici et la guerre de là-bas.

Par Éric AUNOBLE[1]


Y’a aussi un intellectuel qui est venu chez nous. Il avait promis d’écrire notre vérité dans des articles pour l’étranger. Et dès qu'il s'installe sur le chariot, il s'endort. Ça bouffe, ça boit, mais ça ne va pas au combat. Et au niveau écriture, il n’y a rien qui sort. On a fini par y taper dessus et il a disparu dieu sait où.
Parole de soldat rapportée par Sofia Fedortchenko, Le Peuple à la guerre, 1917[2].


L’anniversaire de la chute de Viktor Ianoukovitch a montré combien le débat d’idées sur la question ukrainienne était clivé en France. Le dimanche 22 février, Bernard-Henri Lévy participait à la marche commémorative à Kiev, à quelques places du président Porochenko. Le mardi suivant, Éric Zemmour intitulait sa chronique sur RTL : « L’Ukraine est morte, mais il est interdit de le dire »[3]. Ces deux figures médiatiques prêteraient à rire tant elles se caricaturent elles-mêmes : BHL, bronzé et l’air dégagé à côté d’un président ukrainien dont la mine soucieuse correspondait mieux à la situation du pays ; Zemmour refaisant sempiternellement le coup de la vérité cachée, dans l’écriture un peu vulgaire d’un sketch de stand-up.

Il reste que leurs prises de positions respectives, « pro-ukrainienne » ou « pro-russe », sont l’expression médiatique d’une réelle fracture dans le monde intellectuel français, affrontement où les historiens et les références historiques jouent un rôle non négligeable en fournissant des arguments à l’un et l’autre camps. En passant en revue les arguments des antagonistes, je n’essaierai pas de me prévaloir d’une expertise, la mienne, qui serait supérieure à celle de tel ou telle ; je voudrais plutôt dégager de façon critique des postures et un rapport au pouvoir au fond aussi semblables d’un bord à l’autre que les déclarations sont opposées.

Un combat pour l’Ukraine ?


On ne peut faire à Bernard-Henri Lévy le reproche de l’inconstance. Dès le début de la contestation contre Viktor Ianoukovitch, il s’est fait le porte parole de la France sur le Maïdan et du Maïdan en France. Il pouvait s’appuyer sur l’équipe réunie autour de sa revue, La Règle du jeu, et particulièrement sur Galia Ackerman, elle-même originaire d’URSS. Elle présente leur engagement comme la poursuite du combat entamé dès les années 1970 par les « nouveaux philosophes », « dénonçant le totalitarisme soviétique, à pied d'égalité avec le totalitarisme nazi »[4]. L’obstination répressive, d’une Union soviétique bâillonnant les dissidents à une Russie écrasant les Tchétchènes, les a visiblement convaincus d’une continuité politique du « communisme » d’avant 1991 au nationalisme russe s’épanouissant particulièrement depuis les années 2000.

La chose se soutient difficilement politiquement. On pourrait plutôt l’expliquer par une étude des structures de l’État et de la société post-soviétiques, mais cela ne préoccupe guère La Règle du jeu ou le Forum européen pour l’Ukraine qui en est issu : si Bernard-Henri Lévy est philosophe et Galia Ackerman « essayiste, historienne, journaliste », « traductrice littéraire » et « spécialiste de la Russie et de l’Ukraine »[5], ils ignorent volontairement les sciences sociales, tant elles fleurent nécessairement le marxisme. Galia Ackerman en était gênée quand elle s’intéressait aux Femen : « Elles lisent un livre totalement oublié en Occident, « La Femme et le Socialisme » d’Auguste Bebel. Cet ouvrage devient le véritable socle de leur futur mouvement : elles décident de se battre à la fois pour les droits de la femme et contre l’injustice sociale. Leur rejet de toute religion fait partie de cette imprégnation marxiste. (…) Quand on est confronté à des récits pareils, on se rend compte à quel point le passé soviétique est vite oublié par une partie de la jeunesse »[6].

Alors qu’elle avait été « élevée en URSS dans une idée marxiste que ce sont les masses qui font l'Histoire », il a fallu à Galia Ackerman « plusieurs années de vie en Occident et des expériences personnelles pour [se] rendre compte à quel point le rôle de l'individu peut être important ». Elle avoue candidement sa dette à BHL, qui a prouvé qu’« un homme peut changer l’histoire »[7]. Dans cette vision d’un monde où s’affrontent hommes et idées dans des combats à l’emporte-pièce, tout est simple : il s’agit de la « confrontation entre deux conceptions de l'Europe : une Europe démocratique, fidèle à ses principes, mais aussi atlantiste ; et une Europe divisée, faible, anti-américaine et pro-Poutine »[8].

L’atlantisme ainsi revendiqué n’apparaît pourtant pas dans les références historiques mobilisées par BHL sur le Maïdan. L’image du GI est sans doute moins attrayante que celle du compañero :
« Une force (...) agit impunément dans l’est de votre pays, sur vos terres historiques. (...) L’argument est connu : c’est celui d’Hitler arguant, en 1938, de ce que les Sudètes parlaient allemand pour envahir la Tchécoslovaquie. La méthode est connue : c’est celle d’Hitler profitant, lui aussi, des jeux olympiques d’hiver, à Garmish Partenkirchen, pour, quelques jours plus tard, remilitariser la Rhénanie. Mais vous êtes là, peuple du Maïdan, pour empêcher ce nouveau crime. (…)
No pasarán, clamaient les Républicains espagnols en 1936.
No pasarán, lanciez-vous à la face des terribles Berkouts de Ianoukovitch qui vous mettaient en joue.
No pasarán, doit redire aujourd’hui l’Europe à la soldatesque de Vladimir Poutine »[9].

Surenchère nationaliste


Évidemment, cette référence et ces arguments visent à contrer la propagande russe qui s’en prenait dès la chute de Ianoukovitch à la « junte fasciste » qui aurait pris le pouvoir à Kiev. Dès lors, il devient impossible aux soutiens français de Kiev de reconnaître l’existence d’une extrême-droite ukrainienne dans les mouvements en cours. En outre, les défenseurs parisiens de la démocratie ukrainienne doivent promouvoir le nationalisme ukrainien le plus radical tout en niant son existence. Ainsi, quand La Règle du jeu a accueilli à Paris les deux candidats à l’élection présidentielle ukrainienne, Petro Porochenko et Vitali Klitchko, les organisateurs firent scander aux participants « Gloire à l’Ukraine, Gloire aux héros » sans leur préciser la provenance du slogan[10] : de la guérilla de l’UPA de 1943 à la remise au goût du jour par le KUN ou Pravy Sektor[11].

Il ne s’agit pas seulement d’un aveuglement volontaire, mais d’une reprise consciente de l’historiographie nationaliste. Réagissant à l’annexion de la Crimée et au début de l’agitation séparatiste, Galia Ackerman soutient que la russification de l’est ukrainien est le résultat d’un remplacement de population résultant largement du Holodomor, la famine de 1932-1933 :
« Ces régions de l’Est, qui avaient perdu au total entre 11 et 14 millions d’Ukrainiens [de la famine de 1933 à la fin de la seconde Guerre mondiale], en majorité ukrainophones, furent repeuplées par des Russes envoyés en masse par Staline, avant et surtout après la Seconde Guerre mondiale, pour participer à l’industrialisation »[12].

C’est une fois de plus faire bon marché de l’histoire sociale qui montre des régions du sud-est peu densément peuplées encore au début du XIXe siècle et où l’industrialisation attire dès les années 1860 essentiellement un exode rural de Russie dans la mesure où la paysannerie ukrainienne restait plus solidement attachée à la glèbe par un système agraire spécifique[13]. Dans ces régions, la russification n’est pas tant le résultat d’une politique soviétique que l’effet du développement impétueux du capitalisme aux périphéries de l’Europe au XIXe siècle dans une révolution industrielle qui a transformé de façon différenciée le statut social des groupes ethniques.

Galia Ackerman évoque tout de même rapidement dans cet article la politique soviétique d’ukrainisation culturelle des années 1920. Elle ne dit pas qu’elle se doublait dans tout l’est du pays d’une ukrainisation démographique des villes : la proportion d’Ukrainiens passe de 7 à 31 % de 1923 à 1933 à Stalino (future Donetsk) et de 21 à 60 % à Lougansk[14]. C’était une première dans l’histoire du pays, qui avait toujours connu des campagnes ukrainiennes « autochtones » dominées par des villes « étrangères » (peuplées de Polonais, de Russes et de Juifs). Avant la famine, la collectivisation forcée initiée par Staline en 1929 avait même eu pour effet d’accentuer ce phénomène : au grand dam des autorités, les paysans ukrainiens « dékoulakisés » devenaient massivement des ouvriers dans le boom de l’industrialisation :
« À votre avis, où sont passés les exploiteurs dékoulakisés de notre arrondissement et des arrondissements voisins ? Aux Solovki ou dans la taïga, à retourner le fumier dans une exploitation de pauvres ? Détrompez-vous ! La majorité sinon la totalité d’entre eux travaille maintenant à Kramatorsk ou à Kostiantynivka, dans les usines. Enfin, qu’ils travaillent, ce n’est pas mal : mais que ce soit dans les usines, et jouissent des droits de l’ouvrier d’industrie, voilà qui est mauvais. C’est un grand danger pour la classe ouvrière »[15].

Les choses ne sont donc pas si simples et l’équation « communisme = russification » est fausse, même si elle s’est imposée dans la vision nationaliste de l’histoire. C’est une des raisons pour lesquelles la mémoire de la période stalinienne est particulièrement clivante d’une région d’Ukraine à l’autre. Contre le nouveau « roman national », l’Est du pays cultive l’héritage de la « Grande guerre patriotique », tout en étant réticent à politiser le souvenir de la famine[16]. En conséquence, répandre au début mars 2014 « les cendres du Holodomor » sur un Donbass qui laissait déjà sourdre sa défiance vis-à-vis de Kiev[17], revenait à jeter de l’huile sur le feu.

Il semble d’ailleurs que le principal souci des défenseurs français d’une « Ukraine une, indivisible et libre »[18] ne soit pas d’apaiser les tensions internes au pays. Dans le programme d’une « Conférence - débat d’idées » co-organisée à Kiev les 12 et 13 décembre derniers par le Forum européen pour l’Ukraine, on lit :
« D’énormes différences persistent entre l’Est et l’Ouest de l’Ukraine. L’Est se caractérise par une population qui, dans sa très grande majorité, n’a jamais mis les pieds à l’étranger (voire à Kiev). L’économie de l’Est reste dominée par des grandes entreprises gérées souvent comme à l’époque soviétique et où la dépendance des ouvriers et des salariés à l’égard des patrons des mines et des usines demeure parfois entière. Dans un tel contexte, les PME sont sous-developpées, notamment dans le Donbass. »[19].

La profession de foi couplant petite entreprise et respect du salarié est bien naïve mais l’association d’une origine géographique sinon ethnique, d’une condition sociale avec la soumission et le manque d’ouverture au monde est méprisante, voire ignominieuse. Les défenseurs du gouvernement de Kiev devraient plutôt se féliciter que l’existence de liens quasi-féodaux dans l’Est aient permis au milliardaire-gouverneur Kolomoïsky de « tenir » la région de Dnepropetrovsk et d’aligner sur ses deniers personnels des troupes qui résistent aux séparatistes[20]. Et, si l’Ukraine occidentale a un tissu plus dense de petites entreprises, les petits patrons « patriotes » de l’Ouest savent aussi bien que les oligarques de l’Est transformer leur puissance économique en influence politique[21].

Cette « Conférence - débat d’idées » s’intitulant « Comment déboulonner Lénine dans les têtes des Ukrainiens ? » et comptant Stéphane Courtois en invité d’honneur, on comprend qu’elle avait une visée politique, indépendamment de la défense de l’Ukraine contre les menées russes. L’anticommunisme est une autre raison de fermer les yeux sur l’extrême-droite ukrainienne et d’en promouvoir le discours historique. Invité par le Forum européen pour l’Ukraine tant à Paris[22] qu’à Kiev, Volodymyr Vyatrovytch a été nommé directeur de l’Institut de la mémoire nationale d’Ukraine à la chute de Ianoukovitch. L’institut ukrainien, créé en 2004 sur le modèle polonais[23], est un « organe central du pouvoir exécutif » qui doit mettre en œuvre « la politique de l’État de restauration et de préservation de la mémoire nationale du peuple ukrainien ». Sous la rubrique des méfaits du « totalitarisme », il ne vise que le régime soviétique[24] et n’évoque pas l’occupation nazie (une perte de population de 7 à 14 millions de personnes entre morts et exilés définitifs[25]).

Quant à Vyatrovytch lui-même, il dirigeait auparavant le « Centre d’étude du mouvement de libération », organisme associé es-qualité à la conférence[26]. Ce centre, au statut associatif et non universitaire, place au premier rang du mouvement de libération des organisations ethnicistes et fascisantes comme l’OUN-UPA de Bandera. Toute l’œuvre d’historien de Vyatrovytch est d’ailleurs consacrée au combat de l’OUN-UPA. Si ses deux principaux livres, Les Rapports de l’OUN avec les Juifs : un positionnement sur fond de catastrophe (2006) et La seconde Guerre polono-ukrainienne, 1942-1947 (2011) ont été reconnus pour leur apport documentaire, ils ont été critiqués en raison de leur tentative de nier l’antisémitisme de l’Organisation de nationalistes ukrainiens, ainsi que son rôle d’instigateur dans les massacres de civils polonais en Volynie en 1943[27].

No pasarán, proclamait Bernard-Henri Lévy ? On appréciera le double retournement qui consiste à promouvoir la réhabilitation de mouvements fascisants en se réclamant du combat des antifascistes espagnols.

Une russophilie bien française


Les sentiments qu’on conçoit à l’étalage de cette complaisance intéressée envers le nationalisme ukrainien ne peuvent être endigués que par ceux provoqués à la lecture de la prose pro-Kremlin. Les réseaux français soutenant Vladimir Poutine ont fait l’objet de l’attention de la presse à l’automne dernier[28]. L’étonnement devant les moyens mis en œuvre depuis Moscou pour influencer l’opinion montre que les journalistes français ne connaissent pas l’histoire de leur corporation. 

L’alliance franco-russe à la fin du XIXe siècle n’avait pas été scellée que par la création d’un entremet  et l’inauguration du pont Alexandre III. En 1923, L’Humanité publiait des extraits d’archives diplomatiques et policières russes sous le titre L’abominable Vénalité de la presse française[29] : certains organes de presse avaient bénéficié des largesses des officines tsaristes.

La défense en France des vertus économiques et politiques de la Russie ne s’expliquait pas seulement par la corruption[30]. Les appétits économiques de la classe dirigeante et les intérêts diplomatiques de l’État motivaient largement le tropisme russe des élites françaises ; tropisme qui ne se démentirait pas – bien au contraire – à mesure que la France devenait une puissance de second rang, obligée de se contenter des restes des grands marchés et de profiter des rivalités entre « Grands » pour se faire entendre. De Gaulle, après avoir été volontaire auprès de l’armée polonaise contre l’Armée rouge en 1920, verrait dans la Russie (il mettait un point d’honneur à ne pas dire URSS) un contrepoids utile à l’influence américaine[31]. Le rapprochement avait été spectaculaire dans les années 1960 et devait également favoriser des relations économiques fructueuses avec l’URSS[32]. En 1981 encore, le candidat Mitterrand qualifiait le président de droite Giscard d’Estaing de « petit télégraphiste » de Moscou[33].

Le soutien de l’État français à la Russie est donc une tradition séculaire qui n’a pas commencé avec le contrat de vente des navires de combat Mistral. C’est une constante de milieux conservateurs privilégiant sans scrupules l’intérêt de l’État et considérant que la stabilité internationale dépend moins du respect des frontières que du poids respectif des acteurs censés l’assurer. Dans ce cadre de pensée, Vladimir Poutine est la divine surprise qui semble incarner la prophétie de De Gaulle en 1920 : « Le bolchevisme ne durera pas éternellement en Russie. Un jour viendra, c'est fatal, où l'ordre s'y rétablira et où la Russie, reconstituant ses forces, regardera de nouveau autour d'elle »[34]. Oui, l’ordre a été rétabli et la Russie regarde désormais autour d’elle !

La russophilie n’a pas toujours prévalu dans les cercles dirigeants français et ils peuvent regarder à certains moments plus vers l’ouest que vers l’est pour s’en remettre à un atlantisme souvent mieux défendu au Parti socialiste. Au début de la crise ukrainienne, le soutien à la Russie était d’ailleurs minoritaire même à droite et largement cantonné au Front national[35]. Les récentes avances de François Fillon et Nicolas Sarkozy vis-à-vis de Vladimir Poutine[36] indiquent qu’un vent d’est souffle de nouveau sur la droite « classique ». On peut y voir l’influence d’individus évoluant entre des publications de droite radicales et Le Figaro, écrivant dans des revues aux prétentions académiques comme sur des sites militants[37]. Mais, sur le fond quelque chose a bougé dans l’establishment.

À cet égard, l’évolution de l’historienne et académicienne Hélène Carrère d’Encausse est instructive. En septembre, elle renvoyait dos à dos les présidents Porochenko et Poutine dans leur obstination. « Si cela n'était pas tragique, le conflit entre l'Ukraine et la Russie ressemblerait à une bataille de gamins qui ne savent plus s'arrêter ». D’après elle, l’Europe devait, en concertation avec la Russie, tenter de « sauver l'unité de l'Ukraine, l'existence même de l'Ukraine étant menacée aujourd'hui de dislocation »[38]. Quatre mois plus tard, dans ses dernières interviews, elle rejette plus clairement la responsabilité de la crise sur l’Union européenne : « Depuis la révolution orange de 2004, l’Europe s’est complètement trompée. La Commission européenne a mal travaillé. (...) Elle a traité avec l’Ukraine mais pas avec la Russie »[39]. Dans un même mouvement, elle réévalue le personnage de Vladimir Poutine :
« On présente Poutine en dictateur, chauvin, pétri d'idées extrêmes - eurasisme de Douguine…-, c'est excessif. Le président russe a fait des études supérieures, il est fasciné par l'histoire, surtout celle du passé russe découverte après la chute en 1991 de l'URSS. Poutine est avant tout un patriote fervent. Il veut que son pays qui a une très grande histoire et une très grande culture soit reconnu comme tel, ce n'est pas toujours le cas »[40].

Le président russe est passé du statut de sale gosse à celui d’homme de haute culture car la réalité du rapport de force militaire et diplomatique pousse à renouer avec la Russie, realpolitik oblige. Ces atermoiements se retrouvent au niveau de l’État : valse-hésitation autour des navires de combat Mistral de peur de fâcher définitivement la Russie et de perdre 1,2 milliard d’euros ; soutien de l’ambassade de France à Kiev à la conférence « Comment déboulonner Lénine » afin de satisfaire les Ukrainiens au prix de quelques centaines d’euros...

Misère de l’antilibéralisme


Les partisans de Kiev et ceux de Moscou ne s’opposent pas seulement sur l’interprétation des événements mais aussi sur un point idéologique : la question de l’État. L’équipe de La Règle du jeu assume son libéralisme ; Laurence Parisot a récemment appelé à être « Tous unis derrière l’Ukraine » alors qu’au Cercle des libéraux Alexandre Melnik s’en prenait à « Une France pro-Poutine »[41]. La tradition conservatrice et/ou gaullienne des pro-russes est nettement plus étatiste. Or, en ces temps de crise du capitalisme, la défense du rôle de l’État est une passerelle entre une certaine droite et une certaine gauche. C’est précisément à cet endroit qu’on trouve Jacques Sapir.

Spécialiste de l’URSS puis de la Russie, c’est un esprit brillant et original. Dans les années 1980, la lecture de Travail et travailleurs en URSS[42] ouvrait des horizons à qui s’intéressait à la société soviétique hors des discours propagandistes pro ou contra. Dans les années 1990, alors que la majorité des chercheurs se conformaient avec enthousiasme au schéma de la transition inéluctable vers le marché et la démocratie tout en se félicitant du triomphe des nations issues de la dislocation de l’URSS, les recherches de Jacques Sapir sur la persistance des structures bureaucratiques montraient les ressorts cachés d’une évolution économique de la Russie qui ne suivait pas la courbe prévue à l’ouest[43]. Jacques Sapir n’était pas le seul chercheur à faire ce constat, mais contrairement à d’autres[44], il ne s’attristait pas de la défaite du capitalisme libéral en Russie.

Après avoir constaté l’impasse où l’économie de marché avait mené la Russie, il n’y avait pas de fatalité à se réjouir de l’instauration d’un capitalisme autoritaire sous Vladimir Poutine. Mais, outre son expérience de terrain en Russie, Jacques Sapir intervenait dans un débat français où la critique du libéralisme débridé prenait le plus souvent l’aspect d’une mise en cause de l’Europe et d’un soutien à l’État-nation interventionniste en économie. Là encore Vladimir Poutine semblait répondre à des préoccupations françaises. Il semble que Jacques Sapir en ait récemment tiré la conclusion – assez logique – du souverainisme et ait évolué de plus en plus vers la droite[45].

La critique qu’il peut faire du nouveau pouvoir de Kiev condense son parcours en mélangeant ainsi des considérations politiques (dénonciation du danger de l’extrême droite nationaliste[46]), économiques (critique de l’orientation libérale pro-européenne[47]) et géopolitiques. C’est sur ce dernier point que le bât blesse le plus.

« Il faut aussi penser au statut de l’Ukraine elle-même. Là, nous avons une contradiction entre le principe de souveraineté, que nul ne veut remettre en cause, et la réalité géopolitique. On comprend qu’une Ukraine militairement hostile à la Russie est une menace directe pour cette dernière. Mais, l’Ukraine ne peut fonctionner économiquement sans la Russie. Et là se trouve sans doute la solution. L’Ukraine doit volontairement accepter un statut de neutralité, que ce soit par rapport à une alliance militaire (comme l’OTAN) ou dans des relations économiques (tant par rapport à l’UE qu’à l’Union Eurasienne) »[48].

On voit que la géopolitique donne à l’analyste qui dissèque les tensions sur la planète l’illusion grisante de les contrôler et d’être ainsi le vrai maître du monde. L’intellectuel joue à l’homme d’État et on sait à quel point les hommes d’État font cas des petites gens ! Avec l’ivresse de la toute puissance, l’intellectuel sort facilement de son domaine de compétence pour donner un avis définitif sur les sujets les plus divers. On découvre ainsi que Jacques Sapir est également un expert en balistique : analysant trajectoires et projectiles, il peut prouver que le vol MH17 a été abattu par les Ukrainiens et que le meurtre de Boris Nemtsov relève d’une mise en scène[49].

Parti du constat des dégâts provoqués par l’effondrement d’une économie planifiée dans un cadre supranational, Jacques Sapir prend aujourd’hui résolument position dans des rivalités nationales. Le fait que son analyse soit relayée à la gauche de la gauche[50] n’enlève rien à son positionnement conceptuel. En promouvant l’alliance franco-russe, il est peut-être l’homme de 1914 et mais sûrement pas celui de 1917 !

* * *

C’est en fait l’ensemble du débat sur l’Ukraine en France qui se joue sur la droite de l’échiquier. Politiquement, on a le choix entre la promotion d’une démocratie libérale, dont on sait qu’elle se joue sans la participation de la masse pauvre de la population, et celle d’un régime autoritaire et paternaliste qui ne s’occupe des classes populaires qu’afin de les embrigader. Diplomatiquement, c’est l’alternative entre un européisme atlantiste de guerre froide et un eurasisme de sinistre ascendance[51], quels que soient ses oripeaux contemporains. Économiquement, dans une Ukraine qui connaît une récession dramatique, les aides promises de part et d’autres ont toujours été conditionnées à la docilité politique attendue par le prêteur et les Ukrainiens paieront leur gaz de plus en plus cher, que ce soit pour complaire au FMI ou pour satisfaire Gazprom.

L’affrontement peut paraître d’autant plus absurde que les rhétoriques des pro-ukrainiens et des pro-russes sont finalement très proches : une nation qui a subi des torts dans l’histoire doit en obtenir la réparation et ceux qui s’y emploient ne sont pas des nationalistes mais des patriotes ; un roman national est nécessaire (fût-ce dans sa version la plus rétrograde) pour souder le pays contre l’ennemi et tourner définitivement la page du communisme honni.

Il est un autre point commun entre les uns et les autres, dans la posture de l’intellectuel cette fois. Tous entendent trouver l’oreille des gouvernants français et conseiller le pouvoir pro domo. Ils se vantent de leur influence[52] et donnent des bons points aux grands de ce monde quand les actions de ceux-ci rejoignent leurs analyses[53]. Dans une crise ukrainienne qui ensanglante déjà l’Europe, on trouve de part et d’autre de bonnes âmes qui soutiennent ou souhaitent des livraisons d’armes[54].
Notons encore que les défenseurs du principe d’indépendance nationale (soit contre l’ingérence américano-européenne soit contre l’immixtion russe) communient dans une touchante unanimité quant au droit de la France à intervenir en Afrique[55]. Ce consensus impérialiste est sans doute un gage d’employabilité : au gré de leurs louvoiements diplomatiques, les autorités de la République pourront utiliser les uns ou les autres pour mettre en musique le couplet du jour sur l’Ukraine car nos maestros sont « tous d’excellents Français », des éléments loyaux sur lesquels l’État peut compter.

Ce rapport aux « périphéries » doit également faire réfléchir au regard porté sur les Russes ou les Ukrainiens. Ceux qui défendent le droit des Ukrainiens à s’affirmer nationalement, voudraient-ils pour eux-mêmes la tutelle d’un ministre de l’éducation passé par un groupe d’extrême-droite para-militaire[56] ? Ceux qui défendent la Russie et l’étudient souvent dans le cadre de projets internationaux aimeraient-ils devoir justifier de leurs financements pour éviter l’étiquette « d’agents de l’étranger » ? Les uns ou les autres seraient-ils à l’aise en compagnie des héros de la lutte, membres des bataillons Azov ou Vostok ? Sûrement non. S’ils peuvent peut-être justifier le contrôle sur la vie intellectuelle et la présence sur le devant de la scène de chiens de guerre, c’est seulement pour leurs « amis » de l’est.

Si les Ukrainiens et les Russes sont vraiment nos amis, pensons plutôt à ces hommes qui, à l’ouest comme à l’est de l’Ukraine, évitent l’embrigadement pour le compte d’une « république populaire » ou d’une « nation indivisible ». Pensons plutôt à ces femmes qui luttent contre la mobilisation de leurs maris et fils pour « l’Opération antiterroriste » ou à celles qui, en Russie, se battent pour obtenir leur rappel[57]. Ce sont leurs semblables qui arrêtèrent la guerre à l’est et provoquèrent la chute de trois empereurs il y a un peu moins de cent ans.








[1] Université de Genève. Dernière publication : « ‘‘Communistes, aux armes !’’ : les unités à destination spéciale (TchON) au sortir de la guerre civile en Ukraine (1920-1924) », Amnis. Revue de civilisation contemporaine Europes/Amérique, n° 14 (2015) et Hispania Nova. Revista de Historia Contemporánea, nº 13 (2015), http://e-revistas.uc3m.es/index.php/HISPNOV/article/view/2389/1288.
[2] Réédition : Sof’â Fedorčenko, Narod na vojne, M, Sovetskij Pisatel’, 1990, p. 252.
[4] Galia Ackerman, « Les "nouveaux philosophes" sur le Maïdan », Huffington Post, 5 mars 2014, http://www.huffingtonpost.fr/galia-ackerman/bhl-glucksmann-ukraine_b_4901929.html.
[5] Frédéric du Hauvel, « 5 questions à Galia Ackerman, coauteur du livre Femen », Blog de Perspectives ukrainiennes, 8 avril 2013, http://www.perspectives-ukrainiennes.org/article-5-questions-a-galia-ackerman-coauteur-du-livre-femen-116932987.html. Galia Ackerman, journaliste, traductrice littéraire, « Quel avenir pour le Donbass? », Huffington Post, 23 juillet 2014, http://www.huffingtonpost.fr/galia-ackerman/donbass-crise-ukrainienne_b_5608512.html. Plaquette de présentation de la conférence Kremlin’s Information policy as a key component of the hybrid war, Paris, 17 décembre 2014.
[6] Frédéric du Hauvel, « 5 questions... ». Je souligne.
[7] Galia Ackerman, « Un homme peut-il changer l’Histoire ? », Huffington Post, 2 juin 2014, http://www.huffingtonpost.fr/galia-ackerman/un-homme-peut-il-changer-l-histoire_b_5428448.html. Le texte faisait suite à l’invitation du président Porochenko aux commémorations du débarquement  en juin 2014. À coup sûr un tournant dans l’histoire.
[8] Ibidem.
[9] Discours prononcé par Bernard-Henri Lévy le 2 mars 2014, sur la place du Maïdan, à Kiev, http://laregledujeu.org/bhl/2014/03/03/adresse-au-maidan/.
[11] Voir Éric Aunoble, « Luttes politique et lutte symbolique dans l'espace public en Ukraine », http://cvuh.blogspot.fr/2014/03/luttes-politiques-et-lutte-symbolique.html.
[12] Galia Ackerman, « Les cendres de l’Holodomor frappent à mon cœur », Libération, 11 mars 2014. http://www.liberation.fr/monde/2014/03/11/les-cendres-de-l-holodomor-frappent-a-la-porte-de-mon-coeur_986245.
[13] Bohdan Krawchenko, « Working class », Encyclopedia of Ukraine, Toronto University Press, 1993 ; http://www.encyclopediaofukraine.com/display.asp?linkpath=pages%5CW%5CO%5CWorkingclass.htm. Leonard G. Friesen, Rural revolutions in Southern Ukraine : peasants, nobles, and colonists, 1774-1905, Cambridge Mass., Harvard University Press, 2008. Hiroaki Kuromiya. Freedom and Terror in the Donbas: A Ukrainian- Russian Borderland, 1870s-1990s. New York, and Cambridge, England: Cambridge University Press, 1998. Theodore H. Friedgut, Iuzovka and Revolution : Vol. 1 : Life and Work in Russia’s Donbass, 1869-1924, Princeton: Princeton University Press, 1989.
[14] Terry Martin, The Affirmative Action Empire: Nations and Nationalism in the Soviet Union, 1923-1939, Ithaca, Cornell University Press, 2001, p. 103. Andreas Kappeler, Petite histoire de l’Ukraine, [1994] Paris, Institut d’Études Slaves, 1997, p. 154.
[15] M. Xvyl’ovyj, Po Barvinkivs’komu rajonu (Z bl’oknotu korespondenta), 1930 (reproduit dans Tvory, T. 3, Smoloskyp – Slovo, NY, 1982, p. 486). Phénomène confirmé par Hiroaki Kuromiya, Stalin’s industrial revolution : politics and workers (1928-1932), Cambridge, Cambridge UP, 1988 : p. 236, 302.
[16] Ostriitchouk Olha, Les Ukrainiens face à leur passé : vers une meilleure compréhension du clivage Est-Ouest, Bruxelles, Peter Lang, 2013 ; p. 366-367.
[17] Piotr Smolar dans Le Monde : « Donetsk à l’heure de la défiance envers Kiev », le 24 mars 2014 ; « Dans l'est de l'Ukraine, des prorusses veulent leur propre révolution », le 9 avril 2014.
[18] Discours de Bernard-Henri Lévy du 2 mars 2014, op. cit.
[20] Louis Imbert, « Les subtils équilibres d’Igor Kolomoïski, nouvel homme fort du Sud-Est ukrainien », Le Monde, 21 mai 2014.
[21] Hélène Richard, « Poursuivre la révolution ou combattre le séparatisme ? Dilemme pour les miliciens ukrainiens », Le Monde diplomatique, septembre 2014.
[24] Décret du conseil des ministres du 12 novembre 2014 sur l’Institut ukrainien de la mémoire, §1 et 3.1, http://www.memory.gov.ua/page/postanova-kabinetu-ministriv-ukraini-pro-zatverdzhennya-polozhennya-pro-ukrainskii-institut-nat.
[25] S.V. Kul’čyc’kyj, Û.A. Myŝyk, V.S. Vlasov, Istoriâ Ukraïny, Litera, Kyïv, 2010, p. 405 ; V.V. Petrovs’kij, L.O. Radčenko, V.I. Semenenko, Istoriâ Ukraïny, Xarkiv, Škola, 2008, p. 472.
[26] http://www.cdvr.org.ua/registration2014. L’organisation défend aussi l’héritage d’organisations ukrainiennes antirusses, comme les fusiliers de la Sitch, bataillon ethnique de supplétifs ukrainiens dans l’armée austro-hongroise en 1914-1918. Ils étaient commandés par un Habsbourg (cf. Timothy Snyder, Le Prince rouge, Gallimard, Paris, 2013).
[27] http://en.wikipedia.org/wiki/Volodymyr_Viatrovych. Les critiques proviennent des historiens les plus reconnus sur ces sujets, par exemple, John-Paul Himka, Per Anders Rudling, Andriï Portnov ou Grzegorz Motyka.
[28] Lorraine Millot et Veronika Dorman, « Les sept familles dans la manche du Kremlin », Libération, 24 octobre 2014 ; Anthony Bellanger, « Comment j’ai failli me faire recruter par la propagande pro-Poutine », Les Inrockuptibles, 5 novembre 2014 (http://www.lesinrocks.com/2014/11/05/actualite/comment-jai-failli-faire-recruter-propagande-russe-11533833/) ; Gaïdz Minassian, « Les réseaux français de Poutine : une intelligentsia hétéroclite  », Le Monde, 18 novembre 2014.
[29] Repris et complété en volume à la Librairie du Travail en 1931, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83024b/f2.image.
[30] Martin Marc, « Retour sur ‘‘l'abominable vénalité de la presse française’’ », Le Temps des médias, 1/ 2006 (n° 6), p. 22-33, www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2006-1-page-22.htm.
[31] Frédéric Guelton, « Le capitaine de Gaulle et la Pologne (1919-1921) », in Charles de Gaulle, la jeunesse et la guerre 1890-1920 [Colloque], Plon, 2001 ; http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/la-grande-guerre/analyses/le-capitaine-de-gaulle-et-la-pologne.php. Dossier « De Gaulle et l’URSS », http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/de-gaulle-et-le-monde/de-gaulle-et-lrsquourss.php.
[32] Hubert Bonin, « L’émergence de la coopération industrielle, bancaire et commerciale franco-soviétique dans les années 1960 », dans Maurice Vaïsse (dir.), De Gaulle et la Russie, Paris, CNRS Éditions, 2006, p. 229-252, boninhub.free.fr/files/documents/banques%20et%20russie.doc.
[33] Émission Cartes sur Table du 16 mars 1981 sur Antenne 2.
[34] Cité par Frédéric Guelton, op. cit.
[36] Galia Ackerman, Alain Besançon, Boris Najman, Philippe de Lara, Philippe Raynaud, Philippe de Suremain, Françoise Thom, « La droite française est devenue l’agent d’influence de Vladimir Poutine », Le Monde, 16 mars 2015.
Benoît Vitkine, « Crise ukrainienne : Nicolas Sarkozy reprend la rhétorique du Kremlin », Le Monde, 9 février 2015 ; « Quand François Fillon ‘‘félicite’’ François Hollande », Le Monde, 11 février 2015.
[37] Voir Hadrien Desuin, « Ukraine : non, Poutine ne veut pas reconquérir l’Europe de l’est », Le Figaro, 11 février 2015. Hadrien Desuin écrit également dans Causeur (http://www.causeur.fr/author/hadriendesuin#), Conflits (http://www.revueconflits.com/les-auteurs/) et Les Nouvelles de France (http://www.ndf.fr/author/hadrien-desuin#).
[38] Hélène Carrère d'Encausse, «Poutine et Porochenko ne savent plus s'arrêter», Le Figaro, 2 septembre 2014.
[39] Hélène Carrère d'Encausse, « Sur l’Ukraine, l’Europe s’est complètement trompée », La Tribune de Genève, 20 janvier 2015.
[40] Hélène Carrère d'Encausse, « Cessons de juger Poutine à l'aune de nos critères », Le Figaro, 5 février 2015.
[42] La Découverte, Paris, 1984.
[43] Le Chaos russe, La Découverte, Paris, 1996.
[44] Cf. Marie Mendras, Comment fonctionne la Russie ? Le politique, le bureaucrate et l’oligarque, Paris, CERI/Autrement, 2003. Sa longue déception vis-à-vis de la tournure des événements à Moscou l’a finalement conduite à prendre position pour le nouveau pouvoir de Kiev en niant l’existence d’une guerre civile pour ne voir qu’une agression russe (Marie Mendras, « Position. Défendre l'Ukraine », Esprit, 2014/12, décembre, p. 5-8).
[46] Jacques Sapir, « Peut-on sauver l’accord de Minsk? », 14 février 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3448.
[47] Jacques Sapir, « Ukraine and the EU », 3 juillet 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2512.
[48] Jacques Sapir, « Moscou, Munich et Minsk », 8 février 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3413.
[49] Jacques Sapir a écrit cinq billets sur le MH17 qu’on trouve facilement grâce au moteur de recherche de son site. Sur Nemtsov, « Assassinat à Moscou », 1er mars 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3509.
[50] Voir par exemple Jacques Sapir, « Interview pour Solidarité Etudiante (Amiens) », 30 août 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2732.
[51] Voir les articles de Marlène Laruelle disponibles sur persee.fr : « Lev Nikolaevič Gumilev (1912-1992) : biologisme et eurasisme dans la pensée russe », Revue des études slaves, Tome 72, fascicule 1-2, 2000, p. 163-189 ; « Les idéologies de la ‘‘troisième voie’’ dans les années 1920 : le mouvement eurasiste russe », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 70, avril-juin 2001, p. 31-46 ; « Alexandre Dugin : esquisse d'un eurasisme d'extrême-droite en Russie post-soviétique », Revue d’études comparatives Est-Ouest, Volume 32, 2001, n° 3, p. 85-103.
[52] Ackerman, « Un homme peut-il changer l’Histoire ? », op. cit.
[53] Hélène Carrère d’Encausse, Le Figaro, 5 février 2015, op. cit.
« La droite française est devenue l’agent d’influence de Vladimir Poutine », art. cit.
[54] Jacques Sapir, « Mistral Perdant », 3 septembre 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2772.  Marie Mendras, « Position. Défendre l'Ukraine », Esprit, 2014/12, décembre, p. 8.
[55] On se souvient de l’engagement de BHL pour une intervention en Libye contre Kadhafi (http://laregledujeu.org/2011/03/24/5200/sarkozy-kadhafi-la-libye-et-bernard-henri-levy/). Après l’attentat contre Charlie Hebdo, Jacques Sapir parle de « la France terre d’adoption devenue patrie et pour laquelle (...) sont morts » des soldats d’origine étrangère (« Les leçons d’un massacre », 8 janvier 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3253).
[56] Serhiï Kvit, ministre de l’Éducation, est un ancien membre de Tryzub im. S. Bandery, (le Trident – Bandera) où il cotoyait Dmytro Iaroch, le fondateur de Pravy Sektor, dont il est toujours proche (http://en.wikipedia.org/wiki/Serhiy_Kvit).
[57] Voir http://korrespondent.net/ukraine/events/3473518-v-kramatorske-zhenschyny-vyshly-na-mytynh-protyv-mobylyzatsyy (vidéo) ; https://www.facebook.com/dmitry.tymchuk/posts/624349777693681 (en russe). Hélène Prudhon, « Les mères de soldats russes démentent par les faits la version du Kremlin », Le Monde, 4 septembre 2014 ; Veronika Dorman, « En Russie, une guerre ‘‘qui n’existe pas’’ », Libération, 5 février 2015.